Mon élection au Comité central par la Chambre médicale le 6 juin 2024 à Bienne a été très importante pour moi, car après 12 ans d’absence, le Tessin y est à nouveau représenté. Avoir été choisi dans cette fonction me remplit d’une profonde gratitude et je suis reconnaissant envers les collègues qui m’ont précédé d’avoir construit une représentation solide et respectée pour notre profession. Aujourd’hui, le corps médical est confronté à d’importants changements et incertitudes, marqués par des défis complexes. Attentes croissantes, nécessité de réformer le système dans un contexte d’évolution sociale rapide, pressions économiques et politiques, et la bureaucratie qui entrave trop souvent notre mission première qui consiste à prendre soin des patients et des personnes les plus vulnérables de la société.
Réponses concrètes et défis communs
En réfléchissant à mon rôle au sein du Comité central, je ressens la profonde responsabilité de représenter tous les médecins. Né à Bâle, de mère lucernoise et de père tessinois, j’ai acquis plus de 30 ans d’expérience professionnelle aux quatre coins de la Suisse, perfectionnant ainsi mon trilinguisme. Mes racines se trouvent cependant dans le Mendrisiotto, la partie la plus méridionale de la Suisse où j’ai grandi. En tant que médecin-chef adjoint en médecine interne et néphrologue à l’Ospedale Regionale di Mendrisio, j’ai le privilège de connaître personnellement presque tous mes collègues de la région, leurs particularités, les défis qu’ils doivent relever et les difficultés qu’ils rencontrent. Dans notre région, comme dans le reste du pays, les médecins veulent retourner aux principes fondateurs de leur profession : soigner les patients et redécouvrir la passion pour leur métier dans un système de santé qui les soutient plutôt que de leur mettre des bâtons dans les roues. Depuis juin 2024, en ma qualité de nouveau membre élu, j’ai activement contribué, dans un travail collectif stimulant impliquant l’ensemble du Comité central, à élaborer la stratégie 2025 – 2028 de la FMH, axée sur trois thèmes prioritaires : garantir un nombre suffisant de professionnelles et professionnels de santé qualifiés, faciliter le virage ambulatoire et réduire la charge administrative qui pèse sur la profession. Il s’agit là de réponses concrètes pour donner un nouveau souffle à notre métier en préservant nos valeurs fondamentales et en les adaptant aux défis collectifs d’un système de santé en pleine évolution.
Former et valoriser les nouvelles générations
La pénurie de professionnels de santé n’est pas qu’une question de chiffres, mais le symptôme d’une perte d’attractivité. Le numerus clausus trop sélectif ne fait que l’aggraver en axant les critères d’admission sur les capacités cognitives au détriment de qualités essentielles telles que l’intelligence émotionnelle et les compétences relationnelles, risquant ainsi de passer à côté de talents à fort potentiel. En tant que chargé de cours à l’Université de Lugano, responsable des plans de carrière et des cursus de formation à l’hôpital et fier papa d’un étudiant en médecine de 20 ans, je connais bien les aspirations de la jeune génération. Nous ne pouvons plus nous contenter de véhiculer l’image idéalisée du médecin toujours joignable de jour comme de nuit, qui sacrifie ses week-ends pour rédiger des rapports ou des certificats.
Nous devons créer un environnement de travail qui attire non seulement de nouveaux collègues, mais qui les prépare le mieux possible et les incite à rester dans la profession. Nous devons valoriser l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, en reconnaissant que le bien-être des médecins est essentiel pour garantir la qualité de la prise en charge.
Prise en charge médicale de proximité
Le virage ambulatoire n’est pas qu’une simple stratégie, mais une réponse concrète aux besoins d’une société en pleine mutation. Le vieillissement de la population, l’augmentation des maladies chroniques et la nécessité de redistribuer efficacement les ressources exigent de repenser en profondeur le modèle traditionnel de prise en charge médicale. Rapprocher les soins des patients signifie non seulement améliorer leur qualité de vie, mais aussi réduire la pression sur les hôpitaux tout en renforçant la médecine de proximité et en optimisant l’utilisation des ressources disponibles. Il est essentiel de soutenir et de favoriser la médecine sur l’ensemble du territoire et notamment dans les endroits les plus reculés, en valorisant le rôle et les compétences des médecins généralistes et en garantissant un accès aux soins plus équitable pour toutes et tous.
Numérisation et innovation
Il est indispensable de réduire la bureaucratie en médecine afin de replacer le patient au centre de la relation thérapeutique et d’améliorer la qualité de vie des médecins. Il importe de remettre les soins médicaux au centre de l’attention, car chaque minute consacrée à remplir des formulaires n’est pas destinée aux pa tients. Réduire la charge administrative est une marque de respect envers la profession, envers ses valeurs et, surtout, en vers les patients. Je suis convaincu qu’il est possible de réduire la charge administrative grâce à une numérisation ciblée et efficace. L’ordonnance électronique, une initiative soutenue par la FMH, est un exemple concret de transformation numérique. De même, le dossier électronique du patient (DEP) doit résulter d’un effort conjoint du système de santé et des citoyens, soutenu par le monde politique et mis en œuvre grâce aux technologies de l’information. Cet outil innovant permettra d’éviter les doublons, les examens inutiles et de prévenir les erreurs de prescription, améliorant ainsi l’efficacité, la qualité et l’économicité des soins. L’intelligence artificielle (IA) est d’ores et déjà une réalité qui révolutionne l’exercice de la médecine : elle aide les médecins à analyser les données, à affiner les diagnostics et à améliorer les traitements et la gestion administrative. À l’avenir, l’IA deviendra un partenaire intégré et prédictif, capable de personnaliser les soins et de redéfinir le rôle du médecin à l’ère de la médecine de précision. Il est néanmoins crucial de standardiser les processus pour garantir la sécurité, la fiabilité et prévenir les disparités et les risques.
Mon engagement
En tant que médecins, nous connaissons bien les sacrifices et la résilience qu’exige notre profession. Au sein du Comité central, je m’engage à valoriser le travail des médecins et de la FMH en soutenant leur contribution essentielle à la société. Je travaillerai avec détermination pour représenter tous les médecins, pour relier et soutenir avec le même dévouement tous les endroits où s’exerce la médecine, des banlieues aux centres urbains, des soins hospitaliers publics ou privés à la médecine ambulatoire et de famille. Mon engagement repose sur la volonté de traduire la mission, la vision et les objectifs stratégiques de la FMH en actions concrètes, gardant toujours à l’esprit les besoins du corps médical et la défense de ses intérêts. Ensemble, nous pouvons construire un avenir dans lequel exercer la médecine avec passion et enthousiasme, conscients que le bien-être des médecins et de l’ensemble du système de santé est le fondement pour assurer des soins de qualité.